« Les arbres se foutent des oiseaux qui viennent chanter sur leurs branches »
Loin des escapades brutes et sauvages de Grinderman, Nick Cave & The Bad Seeds offre avec Push the Sky Away un rock d’une apparente douceur, enrobé de venimeux violons et enregistré en France, dans l’antre douillette des studios La Fabrique de Saint-Rémy de Provence.
Si le groupe a calmé, sans toutefois l’éteindre, le feu qu’il avait allumé ces dernières années, son crooner de chanteur continue d’attiser les braises avec le souffle d’un apnéiste devant un gâteau d’anniversaire.
Mais bien loin des cotillons et des ballons, l’album semble vouloir nous pousser quelque part vers une sorte d’abysse, la genèse d’un monde qu’on imagine un peu comme le nôtre, à la fois beau et sale.
De genèse et de naissance, il en est question ici, quand le chanteur australien et ses « 10 tonnes de catastrophes » façonne des images prénatales incommodantes, par exemple lorsqu’il nous annonce « tenir un fœtus au bout d’une laisse » ou devenir lui-même « un embryon nourri d’oxygène sombre ».
Naissance, renaissance ? La prose de Nick Cave est suffisamment savante pour dissimuler plusieurs sens que mon anglais médiocre ne saura déchiffrer.
On sait néanmoins que le boulimique australien n’a pas l’intention de ranger les Doc Martins au grenier et on est tenté de voir, avec ce « dernier-né », la promesse d’un ajout de futures belles pages rock au catalogue universel de l’esthétique baudelairienne.
Keep on pushing, Nick !
Date de sortie : 18 février
Label : Bad Seed LTD